Les sécateurs

·

par

Mathilde Loranger

poésie

corps de braises

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tu me demandes pourquoi je n’ai pas de visage

si je n’ai pas de visage c’est que

si je n’ai plus de visage c’est parce que

les fourmis l’ont découpé 
l’ont donné en offrande
aux oiseaux 

tu veux savoir quels oiseaux
je pointe le sol


tu t’approches et tu vois
ils sont quatre 
puis cinq

ils picorent quelque chose sous la neige 
un fruit mûr fait de plâtre 
un fruit qui se forme au gré de leurs envies
ils ricanent
le fruit c’est mon poumon droit


tu voulais savoir
maintenant approche-toi
écoute-les chuchoter
becs serrés

de toutes petites langues
frôlant ma sueur combustible
ils me désirent calcinée
figée

pour mieux s’amuser
la langue pleine de plâtre
le ventre rempli d’écorce
menaçant d’éclater sous les cris
car ils se moquent
ils se moquent 
à en fissurer mes tympans


est-ce ta voix qui se mêle à la leur?

Mathilde Loranger

Mathilde Loranger étudie la littérature comparée à l'Université de Montréal. Elle répond donc très (trop?) souvent à la question "Alors, vous comparez quoi?", ce à quoi elle offre toujours une réponse différente.

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