Direction littéraire: Julie Roy
Direction artistique: Élise Warren
Comité lecture: Rosy L. Daneault, Annarella Frozzini Graziani, Hélène Laforest, Vincent Racine, Karolann St-Amand, Nathalie Slupik
Secrétaire d'édition: Annarella Frozzini Graziani
Révision: Julie Roy
bercer l’évanouissement des jours devant la caresse du soleil
ignorer le lever du souvenir
subir ses variations
quand tu te donnes en capture au caractère fictif du monde
mettre le lieu commun en sépulture
inonder les espaces inconscients de désirs
je touche les regards une fois de moins pour écouter les oiseaux
seul vestige restant des habitats-balcons, un chant libre
qui accroche un besoin de résider entre toi et moi
se faire amant-ruche dans un désastre convenablement intime
accueillir nos pensées désinvoltes se blottir sous le regard d’un crépitement
un feu sans flambeau nos corps en transe
pourra-t-on refermer nos blessures?
le passage du temps sur nos mains
je veux évacuer le cri des amours, la salive qui s’écoule de nos plaies
lorsque je pleure
je ne sais plus croire lorsqu’on me dit
demain sera nouveau
Tu as coupé court
mes mots
tourné ton dos
Le nid est un grand caillou froid
Hors de la chambre
je suffoque
debout lourde de toi
Je suis venue pour nos nuits mélangées
me voici l’ombre dans un téléviseur désarmé
à t’attendre
C’en est assez
de l’amour et des murs
Partir
Aller où
Comment expliquer
ce que l’autre a provoqué
Des fourmis dans les jambes
Petits pas dans le noir
Je me cogne contre la pierre
pour m’allonger sur mes larmes
et rêver au retour d’un hier partagé
Je tiens mur au lieu des maisons nouvelles
en fil de peaux vives déposées
à l'humeur des yeux de la nature
des particules chaudes
Nuisible dans l'ignorance de l'Autre
Du goût souple
des pulpes
des îles
Il y a ta craie voleuse
l'effleurement onctueux des ailes
la faim butineuse que tu portes
J'ai fait miel de ma poursuite lente
près
une piqure comblement de saveur
simple de l'élément mobile des fleurs
J'ai de nouvelles racines entre les craquelures gelées
et brodées de sueurs mortes
Je n'aurai rien senti j'aurai germé tout petit
en plaies tranquilles
nous nous réinventerons des vacances
effaçons doucement
les possibles du monde d'avant
l'itinéraire tracé cinq mois à l'avance
enveloppons ce rêve
gardons-le au frais
nous nous réinventerons des vacances
la veille de notre départ ou la journée même
nous choisirons notre chemin
au gré de la météo et de notre curiosité
ce que nous ne faisons jamais
car nous nous efforçons de prévoir
ce qui nous émerveillera
nous nous réinventerons des vacances
monterons la tente sur le toit d'une maison
nous baignerons dans les nuages
longerons la frontière du territoire permis
comme si le monde s'arrêtait juste après
nous irons n'importe où
il y aura toi et moi
et ce sera parfait
Noie sans bruit, au large de nos secrets, la honte et la confiance, chaque chose naissant de la fin des hivers. Que t’abreuve le désir de l’infini bleu, bleu, bleu – une rivière tissée d’étoile en étoile dans le haut des trahisons.
Mais espère, mais reviens, et je te cueillerai très bas, au pied du verbe « décevoir », à la hauteur du pardon.
Il y aura d’autres rages, d’autres coulées vers la lumière.