Punch out
De toute façon c’est tout ce que tu sais faire
Puncher
C’est fascinant toutes ces choses que l’on choisit de taire [1]
Percée
de toute part
de ton incandescence noire ta soif terrible
je m’écoule accablée
tu te fais vidangeur
déverses les eaux usées
pour maintenir à flot
ton utopie de pacotille
sur mon crâne radeau
ma tête sauvetage
réifiée réceptacle
je me surprends refuge indolent
sacrifice des farceurs révolutionnaires
véhéments volubiles vains
en quête de visibilité virtuelle
diverti
tu déclencheras la malédiction
prononceras ma belle
à la jonction de Sherbrooke et Fullum
mon instinct a bien dû détecter
cette impression tenaillante
la traque souterraine de la morsure
avant tes éboulements
tes déjections
je ne grattais jamais
là
Larvés
nous rampons dans tes succès tes excréments tes déboires
je débusque ton désir provoque mon point de chute
odeur d’encens exhalaisons rances épithètes boursouflées
engagé politiquement anarchiste féministe proto-connard
tu récoltes les applaudissements
j’essuie le revers
les remontrances rigides
pullulent sous mon épiderme
pour que je puisse mieux dénombrer
les éclosions terroristes
de ta vertu
suintante
Criblées
mes vergetures
trempées de ton sperme
éventrent tes préceptes ruisselants
tracent le réseau translucide
de tes supercheries
ta mort annoncée
qui n’en finit pas
conspue conjure
crispe ma candeur
témoin de ta nausée
je la porte sur mon plumage
te la brandis sous la barbe
pendant que tu règnes entre mes cuisses
et fixes tes amertumes
qui t’attendent
pendues au mur
Pleureuse bouffeuse d’énergie d’états d’âme de bonne femme
je charge ton mépris le lèche le caresse
constate comme tu ne sais pas
sophistiquer mobiliser
ton âpre salive
Moi aussi je sais cracher.
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[1] Beauchamp, Marjolaine, Aux plexus, Éditions de L’écrou, 2010, p. 48.
Originaire de Laval, Mélodie Drouin a complété un baccalauréat en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal où elle poursuit maintenant une maîtrise en recherche. Également étudiante en études féministes, son mémoire portera sur la notion du non-lieu comme paradigme émancipateur de l’identité marginalisée au sein des écrits d’Édouard Louis et de Monique Wittig. Elle co-dirige la revue Ekphrasis et est éditrice pour la revue Saturne. Imprécation est un nom féminin est sa première création poétique publiée.